dimanche 12 juillet 2009

Stanbouliotes 12 et 13 juillet




Stambouliotes est un spectacle inspiré par la pièce de théâtre Le Marchand de Smyrne, comédie en 1 acte (1770) de Nicolas Chamfort et par le roman Istanbul de l’écrivain turc Oran Pamuk (2007).



Le Marchand de Smyrne est la plus « moliéresque » des œuvres de Chamfort. Chamfort, y brode sur le thème du « turc généreux » en s’inspirant du récit de la vieille qui, dans Candide, de Voltaire, raconte ses tribulations d’esclave, vendue à Alexandrie, puis à Smyrne et enfin à Constantinople. La pièce raconte, sur fond de trafic d’esclaves, de piraterie, de récits de voyages et d’aventures, dans le décor exotique d’un Moyen-Orient fort en vogue au XVIIIe, la façon dont un riche musulman sauve de l’esclavage, par une succession de hasards heureux, un jeune aristocrate chrétien qui lui avait précisément rendu le même service dans des circonstances similaires quelque temps auparavant, cependant que sa femme sauve, dans les mêmes conditions, l’amante du jeune homme. L’Orient sert habilement de couverture à une satire mordante qui touche au racisme et aux inégalités sociales. La bonté, la tolérance religieuse et la reconnaissance servent de ressort à l’intrigue, pudiquement recouverte d’un voile d’exotisme. L’esclavage est ouvertement mis en cause, et avec lui le honteux commerce que certains font de leurs semblables. Sous l’aimable badinage d’une comédie spirituelle et joliment écrite surgissent quelques idées fortes dont la moindre n’est pas celle qu’exprime le marchand d’esclaves devant la réprobation du Français : « Que veut-il donc dire ? Ne vendez-vous pas des nègres ? Eh bien ! moi, je vous vends. N’est-ce pas la même chose ? Il n’y a jamais que la différence du blanc au noir! » (scène 8).



Photographie panoramique d’une cité légendaire, théâtre de grands événements et objet de maintes convoitises, à mi chemin entre le roman initiatique et le récit de voyage Istanbul de Pamuk dessine surtout le parcours littéraire du plus emblématique des écrivains turcs contemporains. Vagabond, disert, l’homme arpente les couloirs de la mémoire, des sensations fugaces et des moments forts pour dire l’amour qui le lie à Sa ville. Istanbul, son terrain de jeu, le berceau de son sang, le fief du cocon familial tentaculaire qui l’a vu grandir. Jamais ville n’aura autant participé à l’éducation d’un homme que ce diamant du Bosphore, rarement hommage plus sensible aura été rendu à la terre nourricière. Parce qu’il est possible de se livrer avec pudeur, pour ne pas ennuyer, sans doute, pour donner à Istanbul toute sa profondeur, Pamuk en dresse un portrait polymorphe, basé autant sur ses propres impressions que sur celles de ces illustres arpenteurs. Il emprunte à Théophile Gautier, à Nerval, à Flaubert et à l’encyclopédie du quotidien de Resat Ekrem Koçu. Il multiplie les regards, s’attarde sur la misère, remonte le temps et voit, par-delà le mythe de Constantinople, la réalité sordide.



En s’inspirant de quelques situations de l’une et l’autre œuvre, Stambouliotes est une pièce polyphonique qui nous plonge dans l’univers fascinant et fantasmé de l’empire Ottoman. Une pièce de théâtre de voyage et une réflexion sur la contemplation du face à face entre occident et orient. Un regard croisé entre soi et l’autre. Dans cette histoire, les personnages voyagent beaucoup, nous aimons tous les personnages qui viennent de loin dans le temps. Des personnages qui sont des voyageurs du temps et qui sont aussi en butte aux lieux communs, aux stéréotypes, aux particularités et à l’exil.



Stambouliotes c’est également cette comptine enfantine : je t’aime, un peu beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout. Il y a de l’intrigue amoureuse, parce que l’amour se rapporte toujours à de l’inconnu, au « mystère » de quelqu’un. Et quelqu’un est toujours un mystère.

Dimanche 12 juillet à 17h et Lundi 13 juillet à 20h / Entrée 5€

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