“ Mort d’un commis voyageur”
d’Arthur Miller
Soixante années se sont déjà écoulées depuis la première présentation de Mort d'un commis voyageur, la pièce d’Arthur Miller, le 10 février 1949 au Théâtre Morosco de New-York. Les temps ont bien changé depuis, certes, et pourtant les grands mythes de la société américaine dénoncés par Arthur Miller sont toujours d'actualité.
Parce  qu’elle véhicule les  représentations d’une société, les captant et les  renvoyant, une oeuvre  littéraire est un objet légitime de  questionnement en gestion. Mort d’un  commis voyageur connaît, depuis sa  création, un énorme succès à travers  le monde et Willy Loman  (interprété par Didier Benini), le personnage  central, est devenu à la  fois l’archétype du vendeur et le repoussoir  d’une profession. Il  incarne le parfait prototype de l'homme ordinaire  plongé dans un monde  où la quête illusoire de célébrité et de grandeur  est plus importante  que la connaissance de ses propres limites et de son  identité  personnelle. Fatigué, essoufflé, perdu et rongé de  culpabilité, Willy  est incapable d'affronter l'échec et s'entêtera  jusqu'à la mort dans  ses illusions.
Voici que s'enchaînent successivement les retours en arrière, une oscillation constante entre un passé heureux et un présent tragique. Miller troque la plume contre une sorte de stéthoscope et nous fait intimement partager sa vision introspective du personnage.
La difficile relation père-fils (Biff est interprété par Laurent Barbier), viciée par la culpabilité et les espoirs déçus, s'avère le pilier du spectacle. Biff est prisonnier de la perception de son père qui décharge sur sa progéniture ses projets avortés.
Et c'est notamment à travers les scènes d'affrontements entre les deux comédiens qu'est restitué le souffle tragique de la pièce…au risque d'étouffer peut-être la dénonciation première de la pièce; la perversion de la société moderne face à la faillibilité de tout être humain.
Samedi 20 novembre 2010 à 20h30

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire