mardi 6 mars 2012

COSROÈS - théâtre - forum



les 23, 24, 30 et 31 Mars à 20h30
les 25 mars et 1er avril à 17h
salle Harlekin Art de l'IRTS de Lorraine
tarifs 5/8€ 

Présentation-conférence de presse : Jeudi 22 mars à17h (entrée libre)



COSROES
Jean Rotrou (1648)

Mise en scène : Didier Doumergue
Assisté de Dominique Fabuel
Dramaturgie : Anne Verdier
Scénographie : Tommy Laszlo
Costumes : Dominique Fabuel
Musiques : Dominique Fellmann, Julien Goetz
Lumières et sons : Julien Goetz

Avec :
Cosroes : Guy Didier
Syroes : Réda Brissel
Syra : Muriel Arnould
Mardesane : Fabien Di Liberator
Palmyras : Zaki Hambli
Sardarigue : Baptiste Khal
Narsée : Chloé Bolzinger
Artanasde : Richard Mahoungou

Réservation obligatoire, jauge réduite.
 
envoyez votre mail de réservation à reservation.studiolo@gmail.com

 


Théâtre forum et tragédie

LE PROJET de« tragédie-forum ».

Ce projet est fondé sur le désir d’explorer autrement la tragédie française du XVIIe siècle, un genre théâtral ordinairement considéré comme difficile, sa langue et sa forme étant souvent dissuasives. C’est oubier que la tragédie classique est avant tout un moment de débat sur des thèmes qui nous touchent encore aujourd’hui : l’amour, la politique, la violence, la justice ...
Ce débat peut être celui d’un personnage avec lui-même ou avec les autres personnages de la pièce. Mais il peut être également celui des spectateurs entre eux, ou, mieux encore, entre public et personnages. C’est du reste ce qui se passait souvent au XVIIe et XVIIIe s. lorsque les spectateurs, bruyants et indisciplinés, n’hésitaient pas à apostropher les acteurs au cours de la représentation tandis que les entractes étaient occupés, pendant que l’on mouchait les chandelles, à échanger sur ce que le public avait vu ou attendait de voir. C’est cette forme de participation à la tragédie que nous souhaitons retrouver, adapter et explorer en nous appuyant sur le principe moderne de fonctionnement du théâtre forum.

Du théâtre-forum à la « tragédie-forum » : le théâtre-forum procède du mouvement fondé par Augusto Boal : "Le Théâtre de l'opprimé", désormais répandu à travers le monde entier. Cette forme de théâtre se propose d’aider à lutter contre toutes les formes d'oppression pouvant exister dans les sociétés humaines. Pour ce faire, Boal invente le concept de « spect-acteur » qui fait intervenir le public à un moment ou à un autre de la représentation.

Nous avons, pour notre part, souhaité transposer ce concept et l’appliquer à la tragédie, genre délibératif par excellence. Nous avons donc imaginé cette forme de « tragédie-forum ». Il s’agira de jouer Cosroès de Rotrou puis, avant de représenter le moment du dénouement de la pièce, de faire venir sur le devant de la scène les acteurs, restant dans le rôle de leur personnage, afin d’entamer le débat avec le public qui pourra les conseiller, les mettre en garde, les interroger sur leur comportement, les motifs de leur décision, leurs hésitations…On procèdera ensuite à la représentation du dénouement tel que l’auteur l’a voulu.


Présentation de Cosroès

Cosroès est la dernière tragédie de Jean Rotrou qui la fait jouer en 1648 (à titre de repère, elle est postérieure aux pièces les plus célèbres de  Corneille : le Cid : 1637, Horace : 1640, Cinna : 1641, Polyeucte : 1642. Les premiers succès de Racine commencent en 1664 avec La Thébaïde et surtout Andromaque en 1667.)

Argument de la pièce : le roi de Perse, Cosroès, a deux fils, Syroès, fils de sa première femme, Abdenède, et Mardesane, fils issu de son remariage avec Syra et que cette dernière veut faire monter sur le trône.

Premier acte : Le peuple et l’armée sont prêts à soutenir Syroès contre son père pour le faire accéder au trône mais Syroès hésite à aller contre la volonté de son père. Cosroès va faire couronner Mardesane mais l’armée à son tour se déclare prête à soutenir Syroès.

Acte II : Cosroès est en proie à un accès de folie, rongé par le remords d’avoir fait assassiner son propre père pour monter sur le trône. Syra le convainc qu’il est de son intérêt d’abandonner le trône au profit de Mardesane. C’est à ce prix que cesseront ses remords et sa folie. Cosroès accepte et fait venir Mardesane pour lui annoncer qu’il renonce au trône en sa faveur. Celui-ci hésite et rappelle à son père que c’est à Syroès à régner, puisqu’il est l’aîné. Syra reproche à son fils d’être ingrat et irrésolu. Syroès, poussé par ses partisans, tente de persuader le roi qu’il n’a pas porté la main sur Syra comme elle le prétend et qu’il est le prétendant légitime au trône. Cosroes ordonne à Sardarigue, capitaine de la garde, d’arrêter Syroes. Sardarigue ne s’éxécute pas. A la fin de l’acte, Syroès se dit déterminé à suivre les avis de ses partisans et de Sardarigue.

Acte III. Syra croyant que Syroès a été arrêté, lui fait porter une épée et du poison afin qu’il choisisse lui-même quel genre de mort il veut se donner. Mais Syroès a été reconnu roi et Sardarigue vient arrêter Syra. Syroès cependant, regrette d’avoir dû agir contre la volonté de son père. Il est rejoint par Narsée, sa maîtresse, que tous croient être la fille de Syra. Elle lui reproche d’avoir fait arrêter sa mère. Syroès revient sur sa décision, et, par amour pour Narsée, il ordonne qu’on libère Syra.

Acte IV. Le serviteur Artanasde révèle à Syroès que Narsée n’est pas la fille de Syra mais la propre fille du gouverneur Palmyras, substituée en secret à la véritable fille de Syra brutalement morte dans son tout jeune âge. Sardarigue annonce alors l’arrivée de Cosroès et de Mardesane, prisonniers. Syroès est repris par ses doutes et ses hésitations car il ne peut supporter d’avoir reçu le trône contre la volonté de son père. Narsée demande à Sardarigue de délivrer la reine. Palmyras s’apprête à lui dire la vérité sur sa naissance quand Artanasde vient chercher Palmyras et lui demande de rejoindre Syroès qui, ayant vu son père et son frère prisonniers, hésite à nouveau à garder la couronne.
Acte V : après un violent affrontement entre Syra et Syroès, Syra annonce au roi qu’elle va prendre le poison qu’elle avait fait préparer pour lui. Elle va entraîner Mardesane dans la mort pour lui éviter de tomber sous le joug de son frère. Un ultime tête-à-tête entre les deux frères ne parvient qu’à durcir la position de l’un et de l’autre. Mardesane ne se soumettra pas et Syroès ne pardonnera pas. Mardesane sort en annonçant sa résolution de se donner la mort. Palmyras encourage Syroès dans sa détermination et ordonne qu’on amène Cosroès. Syroès est alors repris par ses scrupules et ne peut se résoudre à faire condamner son père. Il lui implore son pardon, et veut lui rendre son trône. Cosroès lui demande d’épargner Syra et Mardesane, ce qu’accepte Syroès. Narsée vient alors annoncer que Mardesane s’est donné la mort et que Syra a bu le poison qu’on lui avait porté. Cosroès a partagé la coupe avec elle. Syroès perd la raison à son tour.


Cette pièce est le tableau de l’écroulement du règne de Cosroès. Comme dans bien des tragédies de l’époque, un père dépossède l’un de ses fils au profit de l’autre. Tout le débat de la pièce repose sur la question de la légitimité du pouvoir confrontée à l’amour filial. Syroès ne tient pas à régner car ce serait au prix d’un affrontement avec son père, mais il est poussé par l’armée et par le peuple qui lui demandent d’assurer cette légitimité. Les termes du débat irriguent toute la pièce : que va décider Syroès ? Le dénouement rétablit le roi légitime sur son trône mais au prix du sang. Tout sombre dans la folie.








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